Welcome to the Official Site of Tadashi Ogasawara, Kansai representative of Yorozu Kyogen as born of the Nomura Manzou Household. (Nohgaku Master Instructor/Performer in the Izumi-ryu form.)
Qu'est-ce le Kyôgen ? | Conférences et ateliers | |
Les cours de Kyôgen | Profil |
Théâtre Japonais Kyôgen 7 avril 2024 A15H00 Et18H00 |
|
CLIQUEZ-ICI POUR ACHETER VOS BILLETS |
Théâtre Japonais Kyôgen 9・10 novembre 2023 |
|
Liste des images |
Théâtre Japonais Kyôgen Les 20/21 mar 2023 |
|
Liste des images |
NOHGAKU MASQUES EXPOSITION DU 18 AU 24 NOVEMBRE 2022 |
|
Liste des images |
Théâtre Japonais Kyôgen Les 16/17 novembre 2022 |
|
Liste des images |
Théâtre Japonais Kyôgen 1・2 octobre 2019 |
|
Liste des images |
Traduction : Faiza Dejaeghere
Né au 14e siècle, le Kyôgen est, tout comme le Nô, une des premières formes de théâtre classique japonais. Fort de plus de 650 ans d'histoire derrière lui, il a la particularité d'avoir été transmis dans sa forme la plus originale depuis le 14e siècle jusqu'à l'époque contemporaine. La préservation de ce théâtre a ainsi permis l'aboutissement à des techniques d'un raffinement extrême. Il est fortement associé au Nô car il faisait partie intégrante de ses représentations en tant qu'intermède comique.
Mais que veut dire Kyôgen en japonais ? Le mot est composé de deux caractères. Le premier « Kyô » (狂) signifie « fou, devenir fou » et le deuxième gen (言) vient du verbe "dire" et signifie « paroles, mots ». Si on traduit littéralement, Kyôgen signifie les « folles paroles ». Les racines de ce terme se trouvent néanmoins en Chine. Dans le Manyoshu, un recueil de poésie japonaise datant du 8e siècle, les caractères chinois kyôgen étaient lus « tawagoto » ce qui veut dire « propos insensés, stupides ». Le terme a été employé pendant des années pour indiquer quelque chose de déconnecté d'avec les normes et la réalité avant d'être en lien avec l'art de la comédie.
Pourquoi un nom aussi négatif pour un théâtre aussi respecté ?
Comparons avec la France. Au Moyen-Âge, période où la religion était toute puissante, un théâtre profane naît au 15e siècle et se caractérise par une grande force satirique et un esprit de dérision sur les travers de la société humaine. Il était considéré comme "profane" car il allait à l'encontre des principes religieux. Les « Sots », par exemple, représentant ce courant au 16e siècle, fondent leur système de satire politique sur le fait que la société entière ne serait composée que de fous. Le théâtre de la Commedia dell'Arte s'inscrit également dans cette lignée.
Le parallèle est intéressant avec le Kyôgen dont la nature hérétique a également été discutée, non pas par l'église catholique cette fois-ci, mais par les bouddhistes. En effet, le terme « kyôgen kigo », qui signifie les « folles paroles et langage spécieux », était un terme utilisé dans le bouddhisme pour désigner les écrits et représentations profanes allant à l'encontre de la Voie de Bouddha.
On oppose souvent Nô et Kyôgen à cause des contenus qu'ils traitent. Cependant, ils sont étroitement liés l'un à l'autre. Le Kyôgen est à l'origine un intermède comique entre deux pièces de Nô. On appelle d'ailleurs « Nôgaku », la compilation du théâtre Nô et Kyôgen.
Alors que le Nô traite de sujets nobles et mettant en scène la passion des héros à la manière d'une tragédie grecque, le Kyôgen est une comédie avec paroles exprimant, souvent de manière satirique, des situations du quotidien. Le théâtre dit traditionnel englobe diverses conventions mais, à l'origine, il s'agit d'un théâtre à destination d'une audience sans aucun prérequis.
Contrairement au Nô, le rythme du Kyôgen est rapide et sans mystère. Le monde représenté est, la plupart du temps, bien réel. Le but est de faire rire de ce qui, en situation réelle, ne ferait pas rire. Le Kyôgen dépeint ainsi des scènes de la vie quotidienne, ce qui en fait un théâtre populaire et essentiellement comique. De la même manière que le théâtre de Molière, le Kyôgen met en scène les travers des hommes dont il se moque (cupidité, bêtise, couardise, etc.), célébrant ainsi une "Comédie Humaine", telle l'œuvre de Balzac, vaste fresque d'une époque transmise aux futures générations.
On pourrait penser, étant donné la signification de « Kyôgen », qu’ il s'agit d'un théâtre désordonné et doté de « folles paroles » mais il en est tout autrement. Le rire est le moteur de la pièce. Le comique et la mise en scène qui en découlent en font un « désordre maîtrisé ». Les « folles paroles » sont en réalité la farce en elle-même et le jeu et les paroles déplacées de l'acteur-Kyôgen peignent la nature humaine de manière grotesque.
L'objectif du Kyôgen est de faire ressentir ces émotions à travers les « folles paroles », un procédé naturel pour l'apprécier à sa juste valeur. L'essence même de ce rire et son raffinement ne ressentent pas les effets du temps même à travers ces 650 ans d'histoire. Si bien que, de nos jours, il s'agit toujours d'un « art du rire » dont on peut apprécier la fraîcheur et « l'admirable absurdité ».
Revenons plus en détails sur les origines du Kyôgen et donc du Nô pour en comprendre son évolution. Le Kyôgen et le Nô naissent durant les périodes Kamakura et Muromachi au 14e siècle (se référer au tableau historique plus bas). Ce sont les seuls divertissements au monde dont les traditions sont toujours transmises après 650 ans d'âge.
Nous pouvons retracer les origines antiques du Kyôgen à travers deux formes de divertissement venant de Chine :
Le Kagura, une forme ancienne de danse shinto accompagnée de musique ;
Le Sangaku, lui-même influencé par le Gagaku, qui désigne l'ensemble des répertoires de musique de cour, et le Gigaku, un théâtre de masques.
Le Sangaku, nom générique d'une série d'arts de la scène importés de la Chine vers le Japon au 8e siècle, inclut bon nombre d'arts dits du spectacle vivant comme la danse, la magie ou l'art du cirque (acrobatie, jonglerie) accompagnés de musique (taiko). Par la suite, il assimilera d'autres formes d'arts traditionnels pour s'adapter à la société japonaise.
Le Sangaku perd le patronage des gouverneurs qu’il avait acquis pendant la période Heian lorsque la capitale est transférée de Nara à Kyôto. Il devient alors populaire auprès du peuple. Ses mimiques humoristiques deviennent le centre de l'attention et le mot passe de la prononciation Sangaku à Sarugaku (« Saru » veut dire « singe » tandis que « gaku » signifie « divertissement ».
Le Sarugaku se divise donc en deux théâtres qui s'opposent et se complètent tel un clair-obscur : le Nô qui hérite de la partie tragique et le Kyôgen qui hérite de la partie comique. Tandis que le Nô s'organise autour de la musique et de la danse, le Kyôgen est une pièce dialogique, principalement orale dont le jeu est extrêmement physique.
Le Sarugaku a été affiné par Zeami, génie sans pareil, pendant la période Muromachi. Zeami est un théoricien du Nô dont il énonce tous les grands principes esthétiques (costumes, masques, gestuelle etc.) et l'un des plus célèbres dramaturges japonais.
A la période Edo, le Sarugaku devient le Nôgaku jusqu'à l’ère Meiji. Le Kyôgen passe alors sous le patronage des Shôguns Tokugawa et gagne en popularité auprès de la classe des samouraïs dont il devint l'art privilégié. A cette époque naissent les premières écoles de Kyôgen ainsi que l'idée, pour le Kyôgen comme pour le Nô, d'un théâtre esthétique. C’est également à ce moment-là que les premières règles scénaristiques et scéniques sont établies (1642 : date du premier scénario daté).
Mais l'ère Meiji est signe de bouleversement total avec l'ouverture forcé du Japon au reste du monde. La classe des samouraïs est dissoute et le Kyôgen et le Nô perdent leur statut privilégié. L'école Sagi disparaît et les acteurs tentent tant bien que mal de survivre. Une renaissance du genre Kyôgen apparaît avec quelques acteurs obtenant des faveurs de certains membres de la haute société. Mais ce n'est qu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale que la vraie renaissance s'opère. Après cette période douloureuse de l'histoire japonaise, le public panse ses blessures auprès de ce théâtre qui les divertit et les aide à oublier les horreurs de la guerre.
En 1957, le gouvernement japonais déclare le théâtre Nôgaku comme étant un « Bien culturel immatériel important » et garantit une protection juridique à ce théâtre traditionnel et à tous les professionnels qui le pratiquent et en transmettent les principes. C'est également à ce moment-là que le Kyôgen prend son indépendance et se détache du théâtre Nô.
En 2008, le Kyôgen et le Nô sont inscrits sur la liste représentative du Patrimoine culturel immatériel de l'Humanité.
Chaque école présente une variante des pièces du répertoire Kyôgen.
Les différentes écoles sont nées pendant l'ère Edo (1603-1868). Les écoles Okura et Sagi sont directement sous l'égide du Shôgun tandis que l'école Izumi, installée dans la région de Tokyo, est fondée par Yamawaki Izumi no Kami Moyotoshi à Owari (préfecture d'Aichi). Son style fut suivi à Nagoya et à Kyoto.
C'est également à cette époque que s'établissent les familles les plus importantes concernant le Kyôgen : les Nomura, les Shigeyama et les Yamamoto. Ces trois familles sont encore actives aujourd'hui.
Il y a, de nos jours, deux écoles de Kyôgen qui ont survécu à l'époque Meiji, les écoles Izumi et Okura dont l'héritage se transmet de père en fils (l'école Sagi ayant disparu au cours de l'ère Meiji) :
Izumi-ryu, le style Izumi |
représenté et maintenu, entres autres, par le clan de Nomura Manzo (Tokyo), le clan Nomura Matazaburo (Nagoya) et la Coopérative du Kyôgen (Nagoya). Cette école compte plus de 20 acteurs à son actif |
---|---|
Okura-ryu,, le style Okura |
représenté et maintenu par le clan Shigeyama Sengoro (Kyoto), le clan Shigeyama Chuzaburo (Tokyo) et le clan Yamamoto Tojiro (Tokyo) et bien d'autres. Cette école compte plus de 70 acteurs |
Les deux écoles se partagent 174 pièces, chacune dans son propre style.
Si le Kyôgen a survécu jusqu'à l'époque contemporaine, c'est parce que ces écoles sont régies par des familles où s'effectue et se transmet le métier d'acteur. La famille Nomura, aujourd'hui Trésor National vivant, est un parfait exemple de cette transmission filiale.
Mansaku Nomura est le second fils de Manzô Nomura VI. Il a étudié le Kyôgen avec Mansai Nomura I, son grand-père et Manzô Nomura, son père. Il est appelé Manzô VII. La numérotation des noms est une coutume pour assimiler les techniques et idées du précédent maître et être apte à les transmettre.
Diplômé de littérature Japonaise à l'Université de Waseda, Mansaku Nomura, dit Manzô VII, est depuis un leader essentiel dans le monde du Kyôgen, conservant cet art théâtral tout en apportant des idées nouvelles. Une de ses récentes œuvres en sa qualité de metteur en scène est « The Braggart Samuraï », une adaptation Kyôgen de l'œuvre de Shakespeare, « The Merry Wives of Windsor ». Il a ainsi grandement contribué au développement du Kyôgen à travers le monde depuis les années 1960 notamment via des ateliers dans des universités ou par le biais de nombreuses performances dans des théâtres italiens, chinois, coréens, etc.
Mansai Nomura, son fils, dit Manzô VIII, travaille directement dans cette optique et pousse plus loin les frontières entre théâtre d'Occident et théâtre d'Orient, théâtre classique et théâtre contemporain, en fondant les uns dans les autres pour la création d'œuvres uniques.
Pratiquer le Kyôgen, c'est avant tout obéir à un cycle d'apprentissage très précis qu'un proverbe métaphorise comme suit : il faut « commencer comme singe et finir comme renard ». Les acteurs commencent leur carrière à un très jeune âge (aux alentours de 3-5 ans) en jouant le rôle du singe (靭猿, utsubozaru Le singe et le carquois). Ils n’achèvent leur formation qu'en ayant interprété le rôle du renard (釣狐, tsurigitsune Le renard et le trappeur).
Le Kyôgen est un théâtre de tradition orale et s'apprend par l'intermédiaire d'un maître qui enseigne les répliques associées. L'imitation (真似, mane) est donc la base de l'enseignement mais cette imitation n'est pas sans réflexion. L'élève doit s'approprier la technique tout en la recréant. Il s'agit d'une reconstruction du jeu et l'élève doit « subir » cette transformation et la sentir dans sa performance.
Il y a ainsi un ordre d'apprentissage pour arriver à cela. Les élèves commencent en imitant leur maître et en prononçant avec une certaine intonation des mots et des lignes de répliques. Après avoir accompli cela, ils sont prêts pour imiter les mimiques d'acteur du maître et se déplacer sur scène de la même façon. Cette partie de l'apprentissage est intense pour que les élèves puissent jouer de façon automatique une scène. Il est d'ailleurs important de respirer avec le ventre et de parler avec une voix forte lors des performances. Tout le corps est en mouvement, même et surtout, pour le rire.
Le Kyôgen n'est pas seulement une histoire de transmission des traditions, il évolue et s'adapte en fonction des mentalités et des générations. C'est ainsi que la danse et le chant ont pris une part importante pour la famille Nomura dans les pièces de Kyôgen. Depuis lors, des écoles se sont ouvertes, notamment à l'Université de Washington et d'Hawaï. L'international et donc l' « étranger » a également son essence à apporter au Kyôgen ce qui contribuera d'autant plus à sa transmission et à sa pérennité.
Comme on l'a vu dans sa définition, le Kyôgen se base avant tout sur des situations de la vie quotidienne et représente ainsi le peuple. Il rapporte des légendes de campagne et les déforme pour en faire des situations comiques. En cela, nous avons vu que le Kyôgen se rapproche sensiblement du théâtre profane français du Moyen-Âge ou encore du théâtre oral italien Commedia dell'Arte. Théâtre bouffon mais surtout théâtre satirique, tout ou presque est sous le signe du ridicule et du grotesque (moines, seigneurs dits daimyo, marchands, paysans, esprits, etc.)
Ces scènes se déroulent à une époque révolue, l'époque féodale mais les thèmes abordés sont intemporels et prêtent à rire lorsqu'on les transpose à notre époque : les farces autour de l'alcool, l'antagonisme maître-valet (Shomyô-Kyôgen) qui se reflète maintenant entre le patron et son employé (Shachô-Buka), les querelles de couple (Onna-Kyôgen), etc.
Les thèmes qui y sont abordés font du Kyôgen un art de l'exagération par essence mais, souvenez-vous, les « folles paroles » en sont maîtrisées et c'est ce qui en fait un art en clair-obscur, profondément contrasté entre improvisation et stylisation. L'excessif et le rire sont schématisés à travers des règles esthétiques. La qualité des mouvements du corps et de la diction et la nuance des expressions domptent la « folie » des situations mises en scène et captent ainsi l’auditoire par ces simples gestes et paroles. C'est le sentiment qui en découle et prend vie qui importe plus que l'histoire en elle-même. En cela, l'humour est le fil conducteur et le moyen par lequel ce théâtre survit et se perpétue.
Le Kyôgen a donc une parfaite maîtrise de l'humour. Il stylise ainsi le rire en trois grands types :
Le rire de félicité (祝言の笑い) : un rire « de récompense » car il amène le bien-être à celui qui le produit. Comme dit le proverbe « Le bonheur appartient à ceux qui savent rire » ;
Le rire satirique (風刺の笑い) : un rire moqueur car il vise les faiblesses et les travers des êtres humains qu'il dépeint de façon grotesque et exagérée ;
Le rire de plaisir (和楽の笑い) : ce rire, sophistiqué, a une portée philosophique. Il s'agit de rire non seulement de ce qui paraît drôle mais, d'un sourire tranquille incluant une joie profonde, un plaisir à rire lié à un état de sérénité.
Dans le contenu même des pièces, les situations donnent lieu à différents procédés comiques ce qui témoigne de la richesse des subtilités linguistiques de cet art du rire :
Le langage du Kyôgen est basé sur celui utilisé à l'époque Muromachi (1336-1573) ce qui au final, colle avec le Moyen-Âge français. Il s'agit donc d'un dialogue comique, souvent accompagné d'un jeu plus physique, proche de la pantomime et d'une profonde caractérisation de l'histoire. Les mouvements sont exagérés mais finement contrôlés pour inspirer le rire, objectif final du Kyôgen. Toute la subtilité du langage du Kyôgen est d'éviter, selon Zeami :
la vulgarité qui est un humour négligé dans le seul but de choquer ou d'entraîner le mauvais regard. Mais grotesque n'est pas grossier. L'objectif du Kyôgen est de faire rire de ce qui est risible et ridicule mais sans être cru. De ce fait, les subtilités langagières sont nombreuses et font entrer en jeu d'autres sentiments comme la sympathie, la nostalgie et même la tristesse, sentiments impensables lorsque le rire ne se base que sur la vulgarité ;
le sarcasme ou l'ironie qui visent à blesser. Dans le Kyôgen, la satire est utilisée dans le but de tourner en dérision mais elle porte toujours à faire réfléchir sur le sujet dont elle se moque. Le Kyôgen explore également des questionnements philosophiques sur la profondeur de la nature humaine, d’où la richesse de son expression et les subtilités de son langage.
Les personnages mis en scène ont rarement des noms et représentent plus des caractères que des personnages en question. Il s'agit avant tout de personnages types.
En voici une liste non-exhaustive :
Dieu : doté de sentiments familiers et humains (Ex : Fuku no Kami, le Dieu du Bonheur) ;
Kaho-mono, l'homme riche (Ex : Suehirogar, avec un parapluie au lieu d'un éventail) ;
Le fermier, sur les récoltes heureuses et non sur sa vie quotidienne (Ex : Sadogitsune , le renard de Sado ) ;
Taro-Kajya (et Jiro-Kajya) : les personnages les plus communs, généralement des serviteurs, pas tout à fait idiots mais généralement plus malins que leurs maîtres (Ex : Bo-shibari lié à un bâton) ;
Daimyo (le Maître) : il est le maître du Taro-Kajya. Souvent dépeint comme malin et cupide, il peut aussi être aimable et innocent (Ex : Hagi Daimyo : La daimyo et le trèfle) ;
Yamabushi : c'est le moine bouddhiste vivant comme un ascète dans les champs et les montagnes. Souvent il révèle l'ignorance et la faiblesse (Ex : Kaki Yamabushi : Le voleur de kakis) ;
Oni (démon) : aimable lorsqu'il a un masque nommé Buaku avec des yeux de mouton (Ex : Setubun ; Un démon amoureux) ;
Muko (le groom) : il fait souvent de grosses bourdes car il manque d'expérience (Ex : Futari Bakama : Deux personnes, un hakama) ;
Le mari et sa femme : suivant toujours le schéma du mari soumis et de la femme castratrice (Ex : Inabado : Une mauvaise épouse c’est comme de l’argent sale) ;
Le prêtre : il est toujours corrompu et avide d'argent (Ex : Fuse Nai Kyo : Un sermon sans donation) ;
Le handicapé : presque toujours une personne aveugle (Ex : Kawakami : Cécité, Vue et à nouveau Cécité) ;
Une personne âgée : expression des griefs quand on prend de l'âge (Ex : Makura Monogurui (Un grand-père amoureux) ;
Le voleur : stupide et simple d'esprit. Il termine toujours mal (Ex : Uri Nusubito (Le voleur de melons) ;
Le marchand (Ex : Su Hajikami (Vinaigre et Gingembre).
Il y a deux formes de Kyôgen :
Ai-Kyôgen (間狂言, que l'on peut traduire par Kyôgen d'entre-deux) : la pièce fait partie du Nô et a un rôle d'interlude. Il y a trois façons de la jouer : entre deux scènes de Nô où un seul acteur est sur scène et entame un monologue où il explique les avancements de l'histoire pour garder le public en éveil ; au début de la pièce de Nô où l'acteur ouvre l'acte en expliquant l'histoire ; de temps en temps où l'acteur de Kyôgen peut avoir un rôle de soutien dans la performance du Nô ;
Hon-Kyôgen (本狂言, le vrai Kyôgen, le Kyôgen original) : il s'agit de spectacles distincts qui se jouent entre deux actes de Nô et non entre deux scènes. Cette fois-ci, cet intermède est une réelle pause pour permettre au spectateur de se remettre de la pression dramatique du Nô. Trois acteurs sont en scène et entament une farce comique.
Le Kyôgen se définit avant tout par sa simplicité et est donc dépourvu d'accessoires ou quasiment.
L'accessoire principal est l'éventail (ôgi). Il est une composante importante dans la mise en scène de la pièce Kyôgen. Il peut symboliser différentes choses ou actions comme la bouteille de saké, le verre de vin, les baguettes, l'écriture, l'épée, un arc ou même une scie. A l'inverse de nos mises en scène, le décor est sobre de façon à ce que le spectateur se concentre sur l'interprétation de l'acteur plus que sur les accessoires.
D'autres accessoires symboliques peuvent également être utilisés (le kazura-oke par exemple servant à symboliser le tonneau à saké au cours des scènes d'ivrognerie).
En plus de ces accessoires, l'acteur de Kyôgen imite les sons. Par exemple, si l'acteur est en train de verser du saké, il va utiliser une onomatopée en japonais qui imite ce son (dobu, dobu, dobu, dobu).
L'éventail associé aux sons permet aux spectateurs d'imaginer tout ce qui se passe sur scène et de prendre part ainsi à l'interprétation de la pièce.
La plupart des pièces de Kyôgen n'ont pas recours aux masques. On répertorie environ une cinquantaine de pièces qui les utilisent dans leur mise en scène et pour lesquelles, il y a environ une vingtaine de masques. Il y a très peu de masques "humains" car la plupart du temps ils sont utilisés pour les personnages non-humains de type animaux, dieux, esprits, fantômes, démons et autres créatures extraordinaires. L'une des raisons pour lesquelles on porte peu le masque dans le Kyôgen, est que l'acteur utilise beaucoup d'expressions faciales pour créer les effets comiques et les émotions contrairement au Nô, qui reste quasi inexpressif pour faire durer le côté dramatique de la situation. Ces masques ont un design particulier qui doit prêter à rire pour le spectateur, soit en arborant un sourire, soit en affichant une expression exagérée
Photos de masques types :
http://www2.ntj.jac.go.jp/unesco/noh/en/masks-costumes/mask.html#b
Les costumes sont, quant à eux, beaucoup plus sobres que dans le Nô qui prône l'élégance. Leur design est simple, bien que peu conventionnel dans leur forme et réalisé à partir de ce que portaient les gens ordinaires pendant le Moyen-Âge japonais. Les couleurs sont vives et les motifs exubérants pour attirer l'œil du spectateur. Les costumes sont adaptés au type de personnage interprété.
On distingue ainsi plusieurs costumes :
Kyogen kataginu,jutoku, naga-goromo, kaki-baori : les pardessus extérieurs ;
Shima-noshime : le kimono intérieur ;
Hakama : le pantalon.
Photos de costumes types :
http://www2.ntj.jac.go.jp/unesco/noh/en/masks-costumes/costumes.html#b
L'espace théâtral est assez simple et le Kyôgen n'a pas besoin d'un large espace pour être joué. La scène est la même que celle du Nô mais contrairement à celui-ci, elle est vide, sans musicien ni chœur. Comme pour les accessoires, l'absence de décor contribue à renforcer l'intérêt des spectateurs pour le jeu des acteurs. C'est leur interprétation qui permet aux spectateurs de se figurer la mise en scène, le jeu correspondant avant tout à la propre perception de l'acteur sur l'histoire qu'il joue.
Il y a en général deux à trois protagonistes sur scène pour chaque phase du récit. Les acteurs de Kyôgen expliquent tout ce qui se passe dans la pièce par leurs paroles et leur façon de jouer. L'interprétation du spectateur reste donc libre, selon sa sensibilité propre et ce qu'il comprend de la scène. Dans ce sens, le spectateur fait partie, lui aussi, de l'espace scénique. L'imagination est maximisée dans une pièce de Kyôgen.
Lorsqu'il se déplace sur la scène, l'acteur de Kyôgen peut alors jouer sur l'espace et le temps qu'il change instantanément selon ses déplacements.
En voici un exemple :
« Je dois me dépêcher. Je ne suis jamais vraiment allé à Paris. /
Il n'y a rien de plus amusant que de voyager dans le monde. Je suis certain que je vais apprécier cette journée. /
Eh bien, je suis déjà allé à Paris ».
En quelques lignes, l'acteur a vécu l'expérience du voyage à Paris dans cette scène.
Il y a environ 70 chansons de Kyôgen. Il y a deux sortes de chansons :
Les unes puisent leur source dans le Nô ou sont une parodie du Nô ;
les autres sont des anciennes chansons médiévales.
Chaque chanson est accompagnée d'une danse. La pratique du Kyôgen commence toujours avec le chant et la danse avant l'interprétation théâtrale à proprement parler.
Annexe
Lexique spécifique
Termes relatifs au Kyôgen
Shite | l'acteur principal |
---|---|
Ado | le rôle opposé à l'acteur principal |
Tachishu | tous les autres personnages sur scène |
Kokata | le rôle joué par un enfant |
Kouken | le personnage qui porte un hakama sur scène et tambourine, dont la responsabilité est d'aider à la représentation sur scène. Ses devoirs incluent d'amener les objets utilisés sur scène et de s'assurer que les costumes sont portés correctement, etc. |
Omote | les masques. Ils ne sont pas souvent utilisés au Kyôgen alors que c'est le cas pour le Nô. Dans le Kyôgen, il y a des masques qui représentent des dieux, des démons, des esprits, des personnes âgés, des animaux mais également des émotions comme la joie, la colère, la tristesse, le ravissement. Les expressions sont riches et assez rustiques car elles ont une forte qualité humoristique intrinsèque |
Shouzoku | Les costumes portés par les acteurs sur scène. Le Kyôgen a beaucoup d'éléments simples ce qui le sépare grandement du Nô |
Qu'est-ce le Kyôgen ? | Conférences et ateliers | |
Les cours de Kyôgen | Profil |